Marie-Claude Deschênes est designer d’intérieur. Après 4 mois de recherche, elle décide de rejoindre le Cremcv sur les conseils d’une amie. Elle nous parle des obstacles qu’elle a dû surmonter, de la difficulté de casser l’insécurité et de maintenir cette cassure pour contacter un employeur. Comment utiliser son réseau pour trouver un emploi?
1. En quoi consiste votre travail?
J’ai deux emplois. Je suis designer d’intérieur à mon compte. Dans ce contexte, je dois d’abord écouter les besoins des clients et faire le relevé de l’existant. Je regarde comment est la pièce maintenant. Ensuite, je fais la conception en fonction des besoins et du budget. Finalement, je suis responsable de la réalisation du projet. C’est moi qui supervise le chantier, qui communique avec les fournisseurs et qui coordonne les différents corps de métiers qui viendront travailler.
Je travaille aussi comme dessinatrice pour une compagnie de design d’intérieur. Je mets en dessin technique les croquis selon les besoins du chantier. De temps en temps, on me demande également de faire de l’assistanat dans la conception.
2. Parlez-moi un peu de votre cheminement professionnel
À la base, j’ai une formation en scénographie et j’ai travaillé 15 ans comme costumière dans le milieu du cinéma.
Je suis retournée aux études pour faire un baccalauréat en design d’intérieur. Pour moi, ce n’est pas une réorientation. J’ai choisi un secteur particulier de ma pratique artistique pour le transposer ailleurs. Ce n’est pas du décor pur, mais c’est encore de l’espace, de la couleur. C’est une réorientation à 25 % seulement. Faire de la gestion de budgets et de chantiers pour des rénovations pour un client ou le faire pour un acteur, un réalisateur ou un producteur, c’est la même chose. C’est un transfert direct de compétences. Habiller un corps en 3D ou concevoir un espace en 3D, ça se ressemble beaucoup. Ça demande les mêmes compétences spatiales.
3. Pourquoi êtes-vous venu au Club de recherche d’emploi?
C’est une amie qui m’a conseillé de venir ici. Ça avait bien marché pour elle. Je suis venue parce que ma recherche d’emploi ne donnait pas de résultat. Je n’avais pas les outils pour réussir. J’avais besoin d’aide.
4. Combien de temps avez-vous cherché un travail?
J’ai cherché 4 mois avant de venir au club. J’ai fini le club le 15 février. J’ai passé une entrevue la semaine suivante et je commençais à travailler comme dessinatrice. Au total, je dirais 5 mois.
5. Est-ce que l’emploi trouvé correspond à votre objectif?
Oui, tout à fait. Ça me convient parce que ça me permet de faire mes projets en même temps. Je n’aime pas le 9 à 5. D’autres collègues de classe ont trouvé des postes du lundi au vendredi de 9 à 5. Moi, ça ne me convient pas. Toutes celles de ma classe qui ont fait des recherches se sont placées. Dans toutes sortes de secteurs, plus créatifs, moins créatifs. Il faut être persévérant. Les possibilités sont variées.
6. Comment avez-vous trouvé votre emploi? Quelles méthodes de recherche d’emploi avez-vous utilisées?
J’ai trouvé mon emploi de dessinatrice grâce à un autre participant de mon groupe. C’était une connaissance à lui. Je trouve tous mes contrats de designer par le biais de mon réseau de contacts (collègues de l’école, amis, etc.).Je suis membre de mon association [APDIQ-DIC] Je me suis donc inscrite sur son site et sur le site de Houzz. Je demande des références. Je me suis inscrite aussi à un programme de la CDEC pour faire grossir mon entreprise et mon réseau. Je vais à beaucoup de 5 à 7. De femmes d’affaires entre autres. Je fais du réseautage professionnel et personnel. Comme j’ai eu quelques clients déjà et qu’ils sont satisfaits de mon travail, il y a aussi le bouche à oreille.
Pour le réseautage, j’utilise LinkedIn. Je fais partie de groupes dans le domaine. Je suis des fournisseurs. Je trouve beaucoup d’occasions de 5 à 7 comme ça. Index Design est un pivot dans le domaine. Je vais aux lancements de leurs guides. Je vais au SIDIM aussi. Je m’inscris aux infolettres des commerçants avec qui je fais affaire. Ça me permet de recevoir les invitations pour les lancements de produits.
J’aime mon secteur. Plus je vais aux 5 à 7, plus je suis à l’aise. Je n’ai plus le syndrome de l’imposteur. Le Club m’a aidée pour ça. Les pratiques m’ont aidée à casser cette insécurité-là. Une journée, si je suis gênée, ce n’est pas grave. Je me dis, aujourd’hui, c’est comme ça, la prochaine fois, ce sera différent. Je ne me tape plus sur la tête. Je fais également des activités qui sont très gratifiantes pour moi (cours de chant) et qui m’aident à faire disparaître mon insécurité.
7. Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui cherche dans votre domaine?
Au début, ne pas chercher à faire de la conception (à son compte). Il faut être polyvalent. Si tu es fort en déco, tu vas faire de la déco. Si tu es fort en dessin, tu fais du dessin. Il faut être ouvert. Regarder du côté des firmes et des petites entreprises. Ouvrir large. Même du côté des fournisseurs, des magasins. Toutes ces expériences sont pertinentes pour devenir designer à son compte. C’est un métier complexe. Beaucoup d’outils sont nécessaires.
Je ne recommande pas de partir tout de suite à son compte. Sauf s’il s’agit d’une 2e carrière parce que dans ce cas-là, le transfert de compétences est plus facile à faire. Si une personne est très fonceuse, c’est toujours possible.
Une difficulté que peuvent rencontrer les jeunes femmes est de se faire engager. À moins qu’elles aient déjà des enfants. C’est ce que j’ai remarqué. Beaucoup d’employeurs sont réticents à engager des jeunes femmes pour cette raison. Mon conseil : cachez bien votre jeu!
8. Quel type de candidature est recherché généralement dans votre domaine?
Les petits designers recherchent des gens qui font des plans. Quand tu es bon et vite, c’est un atout. Évidemment, il faut que tu aimes ça. Moi, ça m’a sauvé la vie.
À mon avis, les principales qualités recherchées sont la créativité, le sens de l’organisation et la capacité d’écoute. Ensuite, la rapidité. Mais ça, ça vient avec l’expérience.
9. Quel était votre « point faible » de chercheuse d’emploi?
Je dirais l’insécurité, ce qui m’a amenée à procrastiner beaucoup. Je n’osais pas appeler. J’envoyais des CV, mais je ne faisais pas de contacts directs, ni de suivis. J’étais gênée et j’étais sûre que ça paraissait au téléphone. J’étais sûre que je n’étais pas bonne. Mon âge aussi me semblait un point faible.
10. Comment l’avez-vous surmonté?
J’ai pratiqué avec vous! Le support du groupe, les feedbacks m’ont beaucoup aidée. J’étais décidée. Plus je le fais, plus je réussis, plus je me sens en confiance. Le plus difficile, c’est de casser l’insécurité et de maintenir cette cassure. Être en petit groupe, c’était bien. Je me suis rendu compte que j’avais plus d’atouts que je pensais.
Pour l’âge, je pensais que comme c’est un milieu créatif, ils voulaient des jeunes, qu’ils allaient penser que je n’ai pas de goût, que je vais faire des affaires de mémères. À l’école, un professeur m’avait dit que mon âge est un atout. Je m’en rends compte maintenant. J’ai de l’expérience, j’explique aux clients d’où je viens, mon cheminement et ils trouvent ça intéressant.
Émilie Laurin Dansereau
Conseillère en développement de carrière