Le gouvernement libéral de Philippe Couillard a fait de l’austérité le thème central de son mandat. Plusieurs compressions en santé, en éducation et dans les programmes sociaux ont déjà été annoncées. Ainsi, La Presse du 3 octobre 2014 nous informe que le gouvernement s’apprête à couper 211 millions du côté de l’aide sociale et de l’employabilité. Ces compressions s’ajoutent à d’autres, faites plus tôt cette année, dont 16 millions touchent directement les mesures d’aide à l’emploi. Pour nous qui travaillons dans le réseau de l’aide à l’emploi, cette situation est particulièrement préoccupante. Au ministère de l’Emploi, on pense se départir (sic) de 500 employés, nous dit-on dans ce même article. Ces pertes d’emploi ne sont pas isolées. Chacune des coupures en produit. Y a-t-il encore quelqu’un à l’abri? Qui aidera toutes ces personnes mises à pied suite aux mesures d’austérité à se réorienter et à réintégrer le marché du travail?
Le gouvernement prétend faire de l’emploi une priorité. Mais les compressions annoncées depuis quelques mois offrent-elles autre chose que le chômage (pour qui arrive encore à se qualifier) et la précarité? Pourquoi abandonner les plus fragiles? Ne serait-il pas plus judicieux d’investir dans des mesures d’aide à l’emploi capables de favoriser la participation du plus grand nombre de personnes à notre économie? Sans ces mesures, comment le gouvernement compte-t-il créer une économie forte?
Pourtant, on le sait, l’emploi est un facteur clé d’inclusion et d’insertion sociale. C’est à cela que travaillent les groupes communautaires en employabilité : contribuer à la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion; redonner une place aux populations marginalisées ou exclues en les aidant à (ré) intégrer le marché du travail. Ces groupes offrent des services diversifiés pour répondre aux besoins du milieu. En plus de proposer des programmes d’aide à la recherche d’emploi ouverts à tous et à toutes, ils contribuent à renforcer l’estime de soi des individus qui les fréquentent. Ainsi, ces personnes sortent de l’isolement et reprennent confiance en elles.
Y a-t-il une réflexion de fond qui sous-tend le plan d’austérité appliqué jusqu’à maintenant? Les individus sont à la base de la création de la richesse. On estime que, de nos jours, un travailleur changera d’emploi de 5 à 7 fois au cours de sa vie active, soit simplement en faisant le même travail chez un autre employeur, soit en changeant de poste au sein de l’entreprise pour laquelle il travaille ou carrément en se réorientant vers un nouveau domaine d’activité. Qui peut donc prétendre avec certitude ne jamais avoir besoin des services d’un professionnel de l’employabilité?
L’Équipe du cremcv