Depuis le début de votre recherche d’emploi, il vous est peut-être arrivé qu’on vous propose un stage non rémunéré? Dîtes-vous que vous n’êtes pas seul. En effet, au Canada, jusqu’à 300 000 personnes travailleraient gratuitement pour des entreprises. Et l’on ne parle pas seulement d’organismes sans buts lucratifs ou de petites PME. Il s’agit bien souvent de grandes entreprises, parfois parmi les plus prospères du pays!
Les stages non rémunérés se sont répandus depuis la crise économique de 2008!
Nous ne parlons pas ici des stages effectués dans le cadre d’un programme d’études mais bien de stages offerts à des diplômés comme c’est coutume dans plusieurs secteurs d’activités. Les stages non rémunérés se sont répandus depuis la crise économique de 2008. D’une mesure temporaire, ils sont devenus une stratégie d’affaire à long terme. Combinés à un taux de chômage relativement élevé, les stages contribuent grandement à la précarisation actuelle du marché de l’emploi. Les jeunes diplômés, les immigrants récents, ainsi que les employés en transition de carrière sont les personnes les plus affectées par cette nouvelle réalité.
Le marché du stage ressemble de plus en plus à celui de l’emploi. Les offres sont rédigées comme des véritables offres d’emploi… les avantages en moins! Pour preuve, en voici une, consultée récemment : « Recherchons stagiaire. Technicienne en administration. Minimum de 3 ans d’expérience pertinente, DEP en secrétariat, bonne connaissance des outils informatiques et des médias sociaux, bilinguisme requis ». Une personne possédant cette expérience et ces qualifications ne devrait-elle pas être rémunérée pour son travail?
Les stages non rémunérés sont-ils légaux?
Selon Andrew Langille, avocat en droit du travail, 95% des stages non rémunérés effectués en Ontario seraient illégaux. Il en est probablement de même au Québec. Il est illégal de n’offrir aucun salaire à un employé en formation ou en période d’essai. Et ce, même si on lui promet du travail ensuite. Dans les faits, les stages non rémunérés ne font pas l’objet d’une réglementation claire. Les employeurs confondent souvent les stages effectués dans le cadre d’une formation et le travail bénévole. Un stagiaire ne devrait pas remplacer un employé à salaire.
Qu’ils soient légaux ou non, ils posent des questions d’ordre éthique!
D’abord, la possibilité d’avoir des stagiaires qui travaillent gratuitement permet aux employeurs de diminuer le nombre d’employés rémunérés. Par conséquent, moins de postes sont créés. Peut-on accepter qu’un stagiaire accomplisse gratuitement un travail qui normalement serait fait par unE employé? Peut-on accepter l’existence d’un statut d’employé bénévole?
Ensuite, l’absence de reconnaissance du statut de stagiaire ouvre la porte à bien des abus. En effet, ces derniers n’ont pas la même protection que les autres travailleurs et travailleuses de l’entreprise, entre autres en ce qui concerne les accidents en milieu de travail. Plusieurs stagiaires hésitent à se plaindre, car ils ou elles ont peur de se retrouver sur une potentielle « liste noire ».
Quoi penser de ce double statut?
Finalement, pour certains, les stages non rémunérés seraient discriminatoires, car ils avantagent les personnes suffisamment aisées financièrement pour se permettre de travailler bénévolement à temps plein, et ce, pendant plusieurs mois.
Ce sont les conditions de travail de tous les travailleurs et toutes les travailleuses qui sont affectées par les stages non rémunérés. L’argument voulant qu’un stage, ce soit « gagnant-gagnant » n’est pas valide puisqu’il ne tient pas compte de la troisième variable de l’équation : la société.
Vous voulez tenter votre chance? Voici quelques conseils pour tirer le maximum de cette expérience :
Au Québec, des associations étudiantes commencent à se pencher sur la question. Le nouveau Parti démocratique (NPD) a déposé cet été un projet de loi visant à règlementer l’utilisation des stages non rémunérés. En France, le collectif Génération précaire est très actif. Consultez leur site Internet.
Vous êtes stagiaire et avez besoin de rire un peu pour relâcher la pression? L’auteure et illustratrice Yatuu a écrit la BD humoristique Moi, 20 ans, diplômée, motivée…exploitée. Allez la lire!
Pour discuter de votre stratégie de recherche d’emploi … rémunéré, appelez-nous et venez rencontrer une conseillère en employabilité.
Émilie Laurin Dansereau
Conseillère en employabilité
3 Comments
Je suis contente de faire le constat que la précarité des stagiaires n’est pas un phénomène propre au Fr
Je tiens à noté que je viens de corriger l’idée que la précarité des stagiaires était un phénomène propre à la France , je suis étonnée aussi de voir que les lois du Québec n’encadrent pas assez ce statut. J’étais conseillère à l’emploi en Algérie, formée dans ce métier par le ministère de Travail Canadien en collaboration avec le Ministère du travail Algérien.Les projets des CRE et des CATI en Algérie ont donné naissance à une vrai politique d’accompagnement vers l’emploi dans mon pays d’origine, j’ai eu la chance à l’époque de bénéficier de la formation de conseillère animatrice sur les deux centres. J’ai exercé dans le CRE pendant 4 ans comme conseillère à l’emploi. On émigrant en France j’ai fait une démarche de validation des acquis professionnels qui a abouti sur une licence en médiation socioéconomique qui m’a permis de faire des stages non rémunérés mais qui m’ont permis de m’insérer professionnellement dans le secteur de l’accompagnement professionnel en France, aujourd’hui j’ai un projet d’émigration au Québec. Serait il possible pour moi, de faire reconnaitre mes qualifications et mes diplômes obtenus en France et en Algérie dans le but de m’insérer professionnellement à Montréal. Votre structure serait idéal pour moi pour faire un stage d’émersion. Quelles seront les démarches à suivre ? J’ai aussi découvert toutes les prestations et les services que vous proposez au nouveau migrants.Je reconnais que j’ai découvert la panoplie de prestations importantes pour planifier son intégration professionnel au Québec. Et surtout qu’on pouvait y travailler sans obligatoirement passer par la formation professionnel.
Bonjour,
Je suis désolée de ne pas avoir répondu plus tôt à votre message.
D’abord, pour faire un stage chez nous, il faut envoyer votre CV et une lettre de motivation. Nous verrons par la suite ce qu’il est possible de faire. Voici mon courriel : emilield@cremcv.com
Pour faire reconnaitre vos diplômes acquis à l’étranger, il faut déposer une demande d’évaluation comparative auprès du MIDI http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/formulaires/formulaire-titre/evaluation-etude/
Il existe également un programme de reconnaissance des acquis et des compétences qui pourrait peut-être être intéressant pour vous. http://reconnaissancedesacquis.ca/
J’espère avoir répondu à vos questions. Au plaisir de recevoir de vos nouvelles et de faire votre connaissance!
Émilie L-D